Tout semblait donc en place pour que l’Etat ne laisse pas se produire cette décision ubuesque, conformément à la volonté maintes fois réaffirmée et parfaitement légitime de relancer en France une politique industrielle digne de ce nom, à même d’enrayer ou de pallier l’hémorragie des délocalisations.
Mais non, aussitôt le scénario immuable, d’ordinaire plus étalé dans le temps pour que le bon peuple ne puisse le voir, s’est produit : la Commission européenne a montré les dents, faisant savoir qu’elle allait demander des explications au gouvernement français et signifiant par là qu’elle ne laisserait faire aucun patriotisme économique, même européen, puisqu’il s’agit dans le cas d’espèce d’une délocalisation hors zone UE !
La confusion est à son comble, car on ignore précisément en vertu de quoi Bruxelles pourrait s’opposer à ce que l’Etat français négocie avec une entreprise dont il détient 15% des actions en vue de maintenir ses activités sur le marché national.
Mais le résultat ne s’est pour autant pas fait attendre : Christine Lagarde a rapidement fait savoir que la France respecterait ses « engagements européens » (comprendre qu’elle devrait se coucher devant les oukases des eurocrates) et Christian Estrosi a lui-même baissé d’un ton, semblant déjà se résigner à ce qu’il qualifiait d’inacceptable la veille au soir.
Et maintenant, on nous explique que tout sera décidé au sommet demain, entre le président de la République et le président de Renault. Mais, en toute probabilité, il est à craindre que ce qui sera sans doute appelé, en termes diplomatiques, un « compromis », ne soit qu’une capitulation de l’Etat. Une de plus…
Ainsi va la schizophrénie européenne à la tête de la France. Mais ne serait-il pas temps pour Nicolas Sarkozy d’en sortir, d’avoir enfin le courage de défier Bruxelles qui n’a aucune légitimité à défendre les délocalisations, qui plus est vers des pays hors UE ?
S’il vous plaît, Monsieur le Président, souvenez-vous envers qui sont vos premiers devoirs et ayez donc le courage de joindre les actes à la parole !
NDA